L’apprentissage ne s’arrête pas à la sortie de l’école. En tant qu’individu, que ce soit au travers de notre travail ou de nos passions, les occasions d’assimiler de nouvelles connaissances sont infinies.
Oui, on est capables de réaliser cette démarche seuls. Mais on sous-estime souvent les vocations, envies et shots de motivation qui peuvent naître d’une simple discussion. D’autant plus quand la personne en face comprend notre situation.
Alors sur le principe, on se dit que lancer des communautés c’est cool : on rassemble des gens et on fait des événements sympas. On rigole bien, on s’amuse de rencontrer d’autres addicts du papier bulle, et puis… voilà. 🤷🏻♀️
Passé cette première couche très entertainment, on retrouve pourtant ce dans quoi réside la force d’une communauté : les interactions et les apprentissages entre les membres.
Que l’on souhaite lancer son entreprise ou s’initier à l’aquarelle, il y a forcément un groupe qui nous attend quelque part pour nous y aider.
Mais pourquoi est-ce aussi important d’en faire partie ?
L’évolution de l’apprentissage entre pairs
On ne réinvente pas la roue en créant, aujourd’hui, des communautés d’apprentissage. Le principe même de l’apprentissage entre pairs remonte à plusieurs siècles.
De là à savoir pourquoi il n’est pas davantage mis en avant dans l’éducation moderne… il faudrait certainement une thèse entière dessus !
Quoi qu’il en soit, on en retrouve plusieurs exemples dans des contextes scolaires mais aussi professionnels, dès les années 1800 :
L’apprentissage mutuel : une pédagogie plébiscitée au XIXe siècle
Au XIXe siècle, en France, il existait près de 1500 écoles dites « mutuelles ». Dans ces établissements, les élèves ayant déjà intégré les notions clés pouvaient les enseigner à leurs camarades. Ce qui avait pour effet d’accélérer le processus d’apprentissage de la lecture et de l’écriture, réduit de cinq à deux ans.
Suite à la décision du ministre de l’éducation de l’époque, l’enseignement est repassé dès 1833 à un modèle plus traditionnel et descendant (du / de la professeur·e vers les élèves).
C’est le modèle qui prédomine aujourd’hui, de la primaire aux études supérieures, bien qu’on trouve parfois des exceptions.
Fait personnel mais intéressant : lorsque j’étais en fac d’anglais, le cours de communication était notre favori à tous et toutes. La raison principale : c’était celui qui ressemblait le moins à un cours classique. Il était animé par un·e natif·ve ; on y parlait anglais tout du long ; et on y créait des scénettes et autres sketchs pour pratiquer. Ça faisait appel à la créativité et aux connaissances de chacun(e), tout en nous laissant libre de nous amuser un peu.
Les cercles d’études à l’étranger
Au XIXe, le Cercle littéraire et scientifique du Comté de Chautauqua aux Etats-Unis mélangeait cours par correspondance et groupes de lecture / discussion à domicile.
Basé sur ce principe, des cercles d’études se sont développés en Suède eu XXe siècle.
Le principe du cercle d’étude est la libre réunion d’un groupe de 5 à 12 personnes qui [décident] de s’éduquer mutuellement sur des thèmes d’intérêts communs. Un facilitateur [s’efforce] de transmettre les conditions de succès du cercle, sans pour autant jouer le rôle d’expert du sujet traité.
https://www.cairn.info/revue-savoirs-2017-1-page-10.htm
Ces cercles se sont par la suite ouverts à tout un tas de sujets, dans des milieux culturels mais aussi entrepreneuriaux.
On peut les rapprocher des communautés actuelles : celles plus généralistes pour les freelances, ou plus spécifiques autour du social media management, de l’illustration ou encore du développement web.
La pyramide de l’apprentissage
Si l’on dézoome un peu sur ces pratiques, on peut s’apercevoir qu’elles reposent sur les bases mêmes de la pyramide de l’apprentissage. Peut-être vous est-il déjà arrivé de croiser ce schéma.
A titre d’exemple, je me souviens davantage du contenu de mon exposé d’espagnol sur les gangs mexicains (passionnant bien que glaçant, d’ailleurs), que de celui de mes cours magistraux sur l’histoire britannique…
Et il y a bien une raison à cela : nous retenons mieux l’information lorsque nous la transmettons nous-mêmes à d’autres personnes.
Pour en revenir aux communautés, les membres qui transmettent et apprennent sont plus investis dans le sujet traité, car ils ont rejoint le groupe précisément pour en parler.
En adoptant une posture enseignante, le ou les membres qui transmettent leurs connaissances peuvent eux-mêmes étoffer leur savoir, au travers des interrogations et exemples de leurs camarades.
Les participants se sentent plus concernés vis-à-vis des thèmes abordés et plus à l’aise pour poser des questions quand ils sont entre pairs et en petits groupes. […] Plutôt que de consommer du contenu, ils créent le leur.
Harvard Business Review
La communauté comme vecteur d’actions
Tous ces concepts sont bien jolis sur le papier, mais ils ne prennent pas vie seuls. Une communauté n’est ni plus ni moins qu’un écosystème. Comme tout écosystème, elle a besoin de ses différents éléments pour fonctionner correctement.
Le rôle de l’animateur
En tant qu’animateurs et animatrices de communauté, il est de notre responsabilité de créer le contexte favorable à cet apprentissage commun.
Nous avons vocation à faciliter le passage à l’action de nos membres. Les gens viennent avec l’espoir d’être aidés ou de pouvoir aider leurs pairs à réaliser leurs objectifs.
A nous de forger l’espace idéal, d’animer les bons événements, de mettre en relation les bonnes personnes et de maintenir un environnement sain. Et ce, pour que chacun puisse s’épanouir et s’accomplir.
Un savant mélange de profils
De plus, nous sommes toutes et tous différents, tant dans notre personnalité que dans notre façon de nous organiser et d’assimiler les informations.
Certains font preuve de beaucoup d’auto-discipline et savent se débrouiller seuls. D’autres peinent à avancer s’ils ne sont pas cadrés.
Dans les deux cas, cela ne remet pas en cause la motivation et l’intention premières de découvrir et d’apprendre.
D’où l’importance de pouvoir rassembler ces différents profils. Quand les uns s’épanouiront dans un rôle plus moteur, les autres trouveront leur bonheur en suivant la dynamique insufflée.
Et c’est là que la communauté gagne en substance et en intérêt : lorsqu’elle est vectrice d’action, et qu’elle soutient les efforts et progrès de chacun.
Vaincre la solitude et créer un sentiment d’appartenance
Il n’empêche que s’initier à une nouvelle compétence suscite parfois de la peur et du découragement… qu’on peut « facilement » contrer si l’on s’entoure des bonnes personnes.
Dans une communauté, les événements, discussions, et diverses activités sont là pour faciliter la progression des membres et de leurs projets.
Ils sortent ainsi de cet état de doute constant, parce qu’ils sont confrontés à des situations similaires, et à des personnes qui sont passées par les mêmes étapes qu’eux.
Mais le cercle vertueux ne s’arrête pas là : en transmettant à leur tour le récit de leur propre expérience, ils contribuent à développer un sentiment d’appartenance et de reconnaissance.
J’appelle ça « l’effet wow » : ce moment où l’on se dit « j’ai trouvé ma tribu, les personnes avec qui je partage des atomes crochus et autour desquelles je me sens en sécurité, utile et épaulé(e) ».
Comment mettre ça en place, concrètement ?
Il y a tellement de facteurs qui rentrent en ligne de compte qu’un seul article ne suffirait pas à tous les citer.
Ce qu’il faut garder en tête, quoi qu’il arrive, c’est d’y aller pas à pas :
- Commencez avec un petit groupe de personnes qui partagent des objectifs d’apprentissage communs.
- Appuyez-vous sur leurs retours pour améliorer leur expérience au sein de la communauté.
- Valorisez leur implication et leur savoir.
- Suivez et analysez leur progression
A partir de là, recommencez, testez de nouvelles activités et adaptez-vous.
Si la lecture de cet article vous a donné envie de développer une communauté d’apprentissage mais que vous manquez d’idées pour l’animer, allez faire un tour du côté de cette liste de 28 animations. C’est cadeau 😊